J’ai vu mon peuple humilié en Égypte et
j’ai entendu ses cris lorsque ses surveillants le maltraitent.
Oui, je connais ses souffrances !
Je suis donc descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens
et pour le faire monter d’ici vers une terre spacieuse et fertile,
un pays où coulent le lait et le miel.
Exode 3,7-8
Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi
n’est pas digne de moi.
Celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi
n’est pas digne de moi.
Et celui qui ne prend pas sa croix pour marcher derrière moi
n’est pas digne de moi.
Celui qui veut sauver sa vie la perdra,
et celui qui la sacrifie pour moi l’aura finalement sauvée
Matthieu 10,37-39
Yahvé votre Dieu vous portait
comme un homme porte son fils
tout au long de la route que vous avez suivie.
Deutéronome 1,31
Ainsi s’exprime le livre du Deutéronome. La sollicitude aimante d’un père pour son fils décrit parfaitement la sollicitude de Dieu pour son peuple.
On peut ainsi comparer le long cheminement d’Israël aux étapes de la vie de l’homme depuis sa naissance jusqu’à l’âge adulte :
Au cours de la petite enfance, les parents donnent à l’enfant des points de repères clairs et nets qui le structureront pour le restant de la vie : il apprendra à aimer son père et sa mère, à obéir, à penser aux autres et à fuir les caprices. Il fera, à ses dépends, l’expérience des sanctions que méritent ses fautes, mais également des encouragements devant ses efforts et ses dépassements. On ne fait pas à un enfant de longs discours, ni d’explications nuancées, mais on lui donne des règles qui peuvent lui paraître un peu dure sur le moment, mais dont il comprendra les bienfaits plus tard. C’est ainsi qu’apparaît dans la Bible la conduite de Dieu Père vis-à-vis de son peuple durant la première partie de son existence, la période nomade. Dieu apparaît comme un père aimant et exigeant tout à la fois, qui au travers des événements aime et bénit, encourage ou corrige ceux dont il a voulu faire ses fils.
Le temps des rois et des prophètes nous fait penser à l’âge de raison. Certes, l’autorité les parents n’est pas remise en question, mais peu à peu le dialogue, l’enseignement, l’explication, la réflexion sur les événements se font plus fréquents et plus profonds. Le dialogue de Dieu avec son peuple est assuré par les prophètes et la conduite du peuple par les rois.
Puis vient le temps de la captivité à Babylone : Israël vit sa crise d’adolescence. Tout ce qui paraissait être repères, guides ou structures a été balayé. Il n’y a plus ni temple, ni ville sainte, ni autel ni sacrifice, plus de rois, de prêtre ou de prophète. Mais là encore si Dieu Père se fait discret, voire silencieux, il n’en est pas moins présent. Il veille car il aime. Ce temps de crise, comme toutes les crises de nos existences, devient alors, parce qu’il est accompagné, un moment de fondation où l’essentiel est mis en lumière pour asseoir les vraies richesses et les vraies valeurs humaines et spirituelles.
Israël revient de captivité et rentre sur sa terre, transformé et mûri par l’épreuve. Commence alors, pour celles et ceux qui ont pris le temps de réfléchir et de méditer sur le sens de cette crise, le temps de l’avancée vers la maturité. C’est à ce moment-là que les sages d’Israël écriront une dernière fois l’histoire sainte de leur peuple et prépareront chacun à accueillir en Jésus de Nazareth le Messie annoncé par les prophètes. Ces heures intenses sont celles de la liberté intérieure et de la paix.
L’un et l’autre Testaments sont une unique lumière qui nous dit Dieu et dans laquelle Dieu se dit :
Un Dieu puissant qui se fait le serviteur de tous,
Un Dieu exigeant en raison de la dignité qu’il nous a offerte,
Un Dieu dont on pense qu’il se venge, mais à y regarder de près, la seule vengeance qu’il mette en œuvre est celle de nous manifester son amour toujours plus grand.
Un Dieu dont l’autorité sert notre croissance et respecte notre bien le plus précieux : la liberté.
Un Dieu créateur qui nous laisse prendre une large part au monde à transformer.
Un Dieu de pardon qui n’enferme jamais dans la faute d’un moment.
Un Dieu dont la joie est d’entrer en alliance avec l’humanité